Livres d'artistes : "Au-delà des corbeaux"

Durée : 1:30 | Postée : 01/12/2020 | Chaîne : Culture festivité

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Spécialiste de l'art textile, Joëlle Thabaraud tisse son œuvre autour de la question de la mémoire et de l'effacement.
Dans la course perdue au rapiéçage des jours, l'artiste prend dans ses mailles des vanités certes dérisoires mais essentielles puisque « chaque poussière sera plurivers* ». Des cadrans de montre, une fève de nativité, des coquillages, de la verroterie, une gerbe et des boutons floraux sont ainsi disposés sur le reliquaire de couverture.
Ce dernier, richement décoré de passementeries, est bordé de bandelettes en rouleaux. Langes et linceuls à la fois pour dire le cycle perpétuel de la vie et de la mort.
C'est ainsi que les « pitreries provisoires de la matière* » se fêtent, et les têtes de mort qui effilochent l'ouvrage s'inspirent explicitement des calaveras mexicaines.
Le long poème en prose de Michaël Glück sert de trame. Aucune ponctuation mais la pulsation des allitérations et des assonances qui fait secrètement palpiter le cœur encré en rouge au fronton du reliquaire.
Le corbeau est agent des métamorphoses bien plus que mauvais augure.
Le passage est un état permanent. Le trépas une modalité.

Au-delà des corbeaux reste la plume qui porte témoignage.